L'EMIR PREFERE LES BLONDES (Alain Payet, 1982)

Publié le par BBJane


De passage à Trouville, l'émir Ben Fatal (Jean TOLZAC) tombe sous le charme de la pittoresque demeure d'un producteur de disques au prénom américain, au nom français, et à l'accent allemand : Sam Moreau (Roger CAREL). Il s'y installe aussi sec en compagnie de son garde du corps (Jean CHERLIAN) et de son harem (4 ou 5 danseuses du ventre), au grand désarroi du propriétaire légitime (Sam Moreau donc
, pour ceux qui rêvassent) et de son entourage (le domestique Paul PREBOIST, la petite protégée Françoise BLANCHARD) qui devront affronter un gang de malfrats dirigé par l'infâme MacChorell (Pierre DORIS), lequel est bien déterminé à liquider le magnat du pétrole (Ben Fatal donc, pour ceux qui pioncent).

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Quel casting, mes aïeux ! Roger CAREL (Monsieur 100 000 voix), les frères PREBOIST (Paul et Jacques), le gros dégoûtant Pierre DORIS (mort il y a quelques mois, des suites d'avoir trop vécu), la belle et blonde Katia TCHENKO (ne pas confondre avec Tcheky KARYO), l'immense Jean PAREDES (dont l'entulard de Tubé -- pardon : l'entubé de Tulard -- situe le dernier film autour de 1965, alors que celui dont je vous cause fut troussé en 82), un André BEZU encore inconnu (donc, pas encore oublié), et deux égéries de Jean ROLLIN : Françoise BLANCHARD (l'épouse du chanteur dont l'amour avait mis les bouts avec le loup dans les grottes de Rocamadour) et Fanny MAGIER (ne pas confondre avec Manny FAGIER, qui, jusqu'à plus ample information, n'est pas censée exister).
C'est quand même pas tous les jours qu'on peut se taper une telle distribution ! On n'avait pas vu ça depuis la M.G.M. et ses all cast movies ! En vérité, je vous l'écris : L'Emir préfère les blondes, c'est carrément le Grand Hôtel du Bis français ! Le film aux mille étoiles ! Le nanar aux neuf grosses légumes !...
Et qui c'est qui l'a mis en scène, bande de p'tits salopards ?...
Alain PAYET himself ! Mieux connu sous le pseudonyme de John LOVE, autrement dit le fondateur et Pape du "hard crad" hexagonal (vous savez ? ces films où des femmes se godemichent avec des courgettes moisies sur un coin de chiottes sales...)
Vous voulez des détails sur L'Emir ? Quelques gags saisis sur le vif ?... Y a qu'à demander !...

Preboist.jpgUne belle photo de Paul PREBOIST (profitez-en, c'est rare...)

D'abord, le générique : il nous montre Françoise BLANCHARD chantant (avec une conviction d'autant plus méritoire qu'elle n'utilise pas, pour ce faire, sa propre voix, mais celle d'une certaine Nat MILLER) l'un des tubes les plus honteusement méconnus de la variété française : "Je veux ma chance" !
Et puis, en vrac :
Roger CAREL causant avec un accent allemand merveilleusement injustifié par l'origine américano-normande de son personnage !...
Pierre DORIS faisant bouffer de force et à pleines poignées des champignons vénéneux à un ennemi ligoté sur une chaise branlante !...
Jacques PREBOIST se faisant dégobiller dessus par un CAREL et un Noe WILLER peinant à digérer des yeux de mouton crus que le facétieux émir les a contraint à avaler !...
Paul PREBOIST, rendu aphone par l'étonnement, tentant de signaler à une soubrette la présence de singulières intruses à l'étage supérieur -- en l'occurrence des danseuses orientales, dont il mime l'apparence avec force déhanchements et en... étirant son nez (!) dans le feu de l'impro !...
Fanny MAGIER montrant ses seins (plus menus qu'on l'eût cru) !...
Françoise BLANCHARD laissant entrevoir sa foune (pas blonde... ou bien, c'est la copie VHS qui est trop sombre...) !...
La même, entonnant à nouveau le refrain de l'immortel standard "Je veux ma chance", mais avec sa propre voix, cette fois -- et, vu le résultat, suscitant l'hilarité mal contenue de PREBOIST (pas Jacques, l'autre) !...

Blanchard.jpgFrançoise BLANCHARD, bien classée au Top 350

Deux faux infirmiers porteurs d'une civière, traversant une boîte de nuit en faisant "PIN ! PON !" afin de récupérer le cadavre de PREBOIST (pas Paul, l'autre), empoisonné par erreur par la sculpturale et pulpeuse Katia TCHENKO !...
CAREL jouant au tennis avec l'émir hissé sur une chaise à porteurs !... (kèskonsmarre !...)
Michel SAINT-CLAIR engoncé dans le jean le plus moule-burnes que j'eusse vu de mémoire d'arpenteur impéni(s)ten(du)t du Marais !...
Noe WILLER tombant du haut d'une échelle après avoir été heurté par une casserole, laquelle, par ricochet, atteint Préboist (pas l'autre, celui d'avant) sur le coin de la tronche !... (kèskonsmarre !...)
PAREDES, consciencieux, faisant des efforts pour sauver ses scènes !...
CAREL, affligé, faisant des efforts pour sauver le film !...
PREBOIST (les deux) géniaux sans nul effort !...
Jean TOLZAC, mauvais comme un cochon, capable de couler 100 films à lui tout seul !...
Trouville ressemblant à s'y méprendre à Brincourt-les-Tourloupettes !...
Tout ça (et bien d'autres merveilles), c'est dans L'Emir préfère les (fausses) blondes !

Tchenko.jpgKatia TCHENKO et son ancien corps de rêve

Notons pour finir que, des quatre comédiens dessinés sur l'affiche (TOLZAC, PREBOIST [pas l'autre, lui], CAREL et BLANCHARD), l'élément féminin est le moins ressemblant (surtout les seins).
Et ne manquons pas de signaler que le film n'a rien de raciste ! La preuve : l'Arabe parle sans accent arabe...
Ah oui ! J'ai oublié de dire qu'à la fin, Pierre DORIS se fait sauter à l'explosif (c'est mieux qu'exploser en soutif), et que la déflagration provoque un petit effet spécial (pas très gore du tout, je le dis pour les âmes sensibles), ainsi que l'éruption d'un geyser de pétrole dans le jardin de CAREL.
Comme quoi, en Normandie, c'est tout l'inverse du slogan : on n'a pas d'idées, mais on a le carburant !...

N.B. : Le générique de fin nous signale que les parfums sont de Hermès, Fuji et Jean Damien (on l'avait pas sentu !...)
N.B. 2 : Cet excellent article fut originalement publié dans l'excellent numéro 22 de l'excellent Medusa Fanzine.

Publié dans CINE QUA NON

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D
<br /> Mais où vas-tu donc chercher des nanars pareils ? :D :D<br /> <br /> <br />
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